Des récits écrits par Maurice Boucher, président fondateur de l'ORCSN, qui traiteront de différents aspects pouvant intéresser les personnes retraitées et âgées en général: santé, logement, hébergement, revenus, etc...Ils ne reflètent que l'opinion de l'auteur.
Les communications -
Mais, pourquoi donc ? J'ai eu envie de communiquer avec les membres de l'ORCSN via notre site web entre les numéros de La Suite.
Mais, communiquer quoi ? Je ne sais trop comment identifier cela mais disons que je lis beaucoup, à peu près tout ce qui me tombe sous la main, susceptible de concerner ou d'intéresser des retraité-es comme nous. Je m'intéresse à peu près à tout ce qui concerne, des choses comme : les caisses de retraite, l'économie, la politique, les politiciens, la santé, le vieillissement, la démocratie, les comportements divers, l'humour pour s'amuser un peu, j'en passe, et des meilleures. J'ai toujours le goût de communiquer aux autres les choses que j'apprends, que j'entends, et ce que je pense, que je glane par ci, par là, et que je crois intéressantes pour la sorte de retraité-es que nous sommes.
Mais, à quelle fréquence ? Aucune idée ! À mon rythme ou selon l'actualité politique, sociale, économique ou culturelle, ou, selon mon inspiration ou l'intérêt que je pourrai susciter.
Mais, qui va lire ça ? Humm... difficile à dire. Il y a celles et ceux qui ne lisent jamais. Il y a celles et ceux qui ne veulent rien manquer de l'actualité. Il y a celles et ceux qui se contentent de la TV, de l'internet, de Google ou de la radio. Il y a les mordus des réseaux sociaux, et enfin les rats de bibliothèques.
Pourra-t-on critiquer ? Mais certainement, je l'espère, je le souhaite ardemment. Non seulement la critique quelle qu'elle soit, mais aussi des suggestions, des textes, des propos, des vécus etc. Je rappelle ici que ces articles que nous pourrons publier ne reflètent que l'opinion et la responsabilité de l'auteur et n'engagent en rien les politiques ou orientations de l'ORCSN.
Et puis, Facebook ? Non merci ! Pas pour moi. Je ne suis pas dans le club. Essayé, mais déçu. Je continue de fouiner un peu partout, dans un peu de tout, pour vous et pour moi.
Et ça commence quand ? Bientôt. Je voulais d'abord sonder les cœurs au cas où ça n'aurait pas d'allure et qu'il n'y ait pas de quoi occuper un site web.
À la revoyure !
Maurice
Pour me joindre : mobou@bell.net
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Mars 2018
Les écrits de Maurice Boucher
UNE ANECDOTE QUI EN DIT LONG
Au début des années 60, les conventions collectives étaient d'une durée d'un an. Le Code du travail était clair: "La convention collective est d'une durée minimum d'un an et maximum de deux ans". Très peu étaient de deux ans.
J'étais conseiller syndical qu'on appelait conseiller technique, à l'emploi du Conseil central de Québec de la CSN. À ce titre, j'avais à négocier annuellement, dans la région de Québec, 22 conventions collectives pour 22 syndicats non fédérés (alimentation en gros, quincailleries, bois ouvré etc.).
De plus, j’avais à intervenir dans l'application de ces conventions: plaider les arbitrages de griefs, siéger sur trois ou quatre comités paritaires couverts par des décrets de conventions collectives, ce qui n'existe plus aujourd'hui. J'étais donc passablement occupé.
Un jour, un organisateur de la CSN avait fait accréditer un syndicat dans un moulin à scie, à Monk dans la région de l'Islet. Ce moulin, propriété de monsieur Gagnon, embauchait de 20 à 30 employés qui avaient tous signé leur carte de membre.
Je m'amène donc dans ce syndicat pour préparer avec eux un projet de convention collective pour ensuite contacter monsieur Gagnon et fixer la date pour une première rencontre de négociations. Je lui expédie par la poste une copie du projet de convention.Il me dit: ¨J’ai besoin de temps pour lire votre contrat. Je ne vous connais pas, mais comme vous avez l'air d'un honnête homme, je vais vous faire confiance pour que vous m'expliquiez tout ça. Moi, les syndicats vous savez, je ne connais pas ça."
Je me suis empressé de le rassurer. "M. Gagnon", lui dis-je, "je vous remercie de votre confiance et je n'ai aucune raison de ne pas vous dire la vérité."
J'entreprends donc la lecture des articles de la convention en m'arrêtant après chacun pour m'assurer qu'il comprenne bien: Identification des parties, droit de gérance, les heures de travail, le temps supplémentaire, l’ancienneté, la protection dans les cas de congédiement où là il a dit: "On en reparlera".
Tout allait très bien. Je me disais que la négociation ne serait pas difficile mais dès qu'on abordait une question monétaire, il y avait un blocage. Notre demande pour une première année était d'aussi peu qu'une majoration de seulement 25 sous l'heure sur les salaires réels payés. Il a bondi. Je m'attendais à une offre si minime soit-elle. Il s'est plutôt levé pour nous offrir un café que sa femme venait de préparer dans la cuisine, pour revenir s'asseoir et me dire: "M. Boucher, il faut que je vous dise ici que votre demande n'est pas acceptable ! Je suis très satisfait de mes hommes, ce sont des bons travailleurs, braves, forts et fiables. Je connais leurs familles, leurs pères qui ont travaillé pour moi. Ce sont plus que mes employés, ce sont mes amis, mes partenaires. Mais je suis incapable de leur accorder ce que vous me demandez. Il faut acheter un camion, celui que nous avons est fini. Demandez à Gérard qui est assis à votre droite, il va vous le confirmer, c'est lui qui le conduit et il est toujours en panne. Mes hommes travaillent fort et ils méritent amplement ce que vous me demandez, et même plus. Mais que voulez-vous qu'on fasse... le camion, c'est indispensable ! Et cela va me coûter quelques milliers de dollars. Ils tiennent à leurs emplois et moi je tiens à ce que le moulin roule."
Le moment pour moi était venu. Je me tourne vers Gérard à ma droite pour lui demander la question qui tue: Quelle sorte de camion il va choisir ? Le pauvre Gérard, tout rouge, me dit: "Euh, euh, c'est monsieur Gagnon qui...va...heu..
¨"Whoo ! whoo..!! Ce n'est pas le camion de Gérard dont on a besoin! C'est mon camion !!", s'exclame monsieur Gagnon.
Je réponds: "Mais monsieur Gagnon, vous venez de nous dire que les employés méritaient ce qu'ils vous demandent, et même plus, c'est donc avec une partie de leurs salaires que vous achèterez ce camion. Laissez-leur au moins le droit de le choisir ! Je souriais, mais pas lui.
¨Là, là, M. Boucher, vous avez tout mélangé les cartes ¨, me dit-il avec un air paralysé après un long silence. "On va ajourner et je vais préparer une offre. Je vais consulter mon comptable !"
La négociation des conventions collectives pour le pain et le beurre, au début des années 60, ce n'était pas un long fleuve tranquille.
Maurice Boucher - Février 2017
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Mars 2017
Les québécois; bon derniers en charité ?
La récente publication de Statistiques Canada plaçait, encore une fois, le Québec au dernier rang des provinces canadiennes à faire des dons de charité.
Il faut prendre cette statistique avec un grain de sel. La seule déclaration pour fins d'impôts est un faible soutien à une telle affirmation.
Pensons simplement aux occasions où nous sommes sollicités; barrages-automobiles des pompiers et autres organismes autorisés; petites caisses accompagnant les caisses d'épiceries et autres commerces de détail, guignolée, etc… Dans ces cas, la générosité des québécois est reconnue. Il n'y a donc pas lieu de paniquer devant cette statistique très partielle.
La faim dans le monde
Le cas échéant, depuis que vous avez commencé à lire ce texte, neuf enfants de moins de 10 ans sont morts de faim ou de ses suites immédiates, soit un à toutes les cinq secondes. Personne ne conteste ces chiffres provenant du "World Food Report", publiés le 25 février dernier dans le "Nouvel Observateur" français (l'Obs, actualité du jour).
Voilà une situation qui semble bien loin de nos préoccupations quotidiennes et à laquelle il nous apparaît impossible de réagir tellement elle est énorme, mais il n'en demeure pas moins qu'il faut avoir perdu toute capacité de s'émouvoir pour rester insensible à une telle horreur.
Selon Jean Ziegler1 ; "On peut nourrir 12 milliards d'humains, soit presque le double de l'humanité actuelle. Les victimes de la famine sont donc ¨assassinées". Il semble que cet aspect de la charité suscite peu d'intérêt. C'est le sentiment d'impuissance qui, face aux famines, les éloigne de nos pensées et nous incite à nous donner bonne conscience en les classant comme une fatalité, ce qui est totalement faux ! Selon Ziegler qui vient de publier "Chemin d'espérance" (Éditions Seuil 6-10-201), "Il n'existe pas de fatalité pour ce massacre quotidien", écrit-il.
La faim n'est donc plus comme autrefois, la conséquence d'une insuffisance de production alimentaire, mais bien l'impossibilité d'avoir accès à une nourriture suffisante pour des centaines de millions d'êtres humains.
Pourquoi ? Par défaut de pouvoir d'achat, manque de terre arabe pour les paysans de subsistance.
C'est l'une des caractéristiques de l'ordre cannibal du monde; un ordre économique mondial qui "dévore" les pauvres, qui tue, et qui tue sans nécessité, affirme Ziegler. Selon lui, parmi les mécanismes nombreux responsables du massacre quotidien de la faim, on retrouve en première cause la spéculation boursière sur les biens alimentaires par les ¨edge funds¨, les grandes banques, etc..., qui procure à ces spéculateurs des profits astronomiques.
Selon les estimations de la Banque mondiale, un individu sur 7 vivant dans les bidonvilles du monde, soit 1,1 milliard d'êtres humains, doivent acheter chaque jour la nourriture de la famille; l'explosion des prix du riz, du maïs et du blé provoque des catastrophes. Les enfants s'affaiblissent, tombent malades et meurent.
Connaissant les valeurs de partage, de solidarité et d'entraide qui habitent les québécois, on n'a pas à réfléchir longtemps pour se convaincre de leur générosité prévisible dans la mesure où on arriverait à les sensibiliser méthodiquement à cet immense problème.
Maurice Boucher - février 2017
source: L'Obs, actualité du jour en direct -
Jean Ziegler; sociologue, longtemps professeur en sociologie à l'Université de Genève. Rapporteur spécial des Nations Unis sur le droit à l'alimentation. Auteur de plusieurs publications sur la faim dans le monde.
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Décembre 2016
LA MAUDITE MÉMOIRE !
Il arrive fréquemment que nous rencontrons des trous de mémoire et il appert que ce problème s'accentue avec l'âge.
Prenons un exemple concret. Une personne que nous visitons veut parler d'une ancienne compagne de travail qu'elle appréciait, elle en cherchera le nom pour enfin dire: « Je n'ai donc pas la mémoire des noms ! » Puis, elle nous demandera : « Est-ce que je pourrais te demander de m'appeler le matin pour me rappeler de prendre mes médicaments, je les oublie toujours ! ...Excuses-moi un moment, je vais te donner mon numéro de téléphone. Je l'ai inscrit dans mon petit carnet, je ne m'en souviens pas par cœur ! » Elle cherchera dans son sac à main, puis dans des tiroirs en maugréant : « Où est-ce que j'ai bien pu fourrer ce damné carnet ? Maudite mémoire ! »
On a tendance à s'en prendre à l'Alzheimer, cette maladie répandue qui a le dos large. On a tort selon M. Marvin Blair, auteur principal d'une récente étude canadienne de l'Université Concordia. Il estime que les raisons du phénomène des trous de mémoire qui deviennent fréquents avec l'âge, ne sont pas toujours très claires. Selon cette étude, la capacité d'apprentissage et de mémorisation des aînés est due à l'encombrement des renseignements non pertinents lorsqu'ils accomplissent des tâches.
Cette étude, qui a reçu l'appui du Conseil des recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, a démontré que chez les personnes plus âgées, leur cerveau était encombré d'informations et de renseignements sans importance et qu'elles ont de la difficulté à éliminer de leur conscience.
Monsieur Blair suggère aux personnes âgées qui ont des troubles de mémoire, d'exercer leur concentration et de désencombrer leur cerveau. « Autrement dit, pour accomplir vos tâches nettoyez votre esprit, comme apprendre une langue, jouer d'un instrument, faire des mots croisés, participer à des activités sociales et pratiquer des exercices physiques ».
Maurice Boucher
sources: Senior actu - France
Université Concordia
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Mai 2016
L'UNIVERSITÉ LAVAL ? L'UQAM ? DE MONTRÉAL ? DE SHERBROOKE ?
OU CELLE DE LA VIE ?
Quand nous échangeons entre nous, retraité(e)s de la CSN, qui que nous soyons, il arrive que les propos portent sur les expériences de travail, les souvenirs d'incidents ou d'évènements, de luttes particulières. Nous constatons inévitablement que chacun, chacune de nous, universitaires ou non, quelque soit la fonction exercée, nous avons acquis une richesse inégalée, apporté la militance syndicale. Quel que soit notre degré de scolarité, par les actions que nous avons menées ou auxquelles nous avons participé, nous avons acquis ou raffermi ces grandes valeurs de justice, d'égalité, de partage, de solidarité et de recherche de la démocratie.
Ce mouvement nous a beaucoup demandé, mais il nous a aussi donné. Il nous a permis pour la plupart d'entre nous, militants et militantes, de nous enrichir de quantité de connaissances politiques, économiques, sociales et juridiques en droit du travail etc.. C'est là une richesse que nous sous estimons et oublions trop souvent comme si nous n'avions rien à raconter à nos enfants et petits enfants. Comme si nous n'avions rien fait d'utile alors que nous avons derrière nous, un bagage d'actions auxquelles nous avons contribué pour l'avancement des conditions de travail des travailleurs et travailleuses et le progrès de la société.
Nos descendants seraient très heureux et fiers de découvrir ces choses. Le meilleur moyen c'est de l'écrire pour leur laisser en héritage. Voilà, en passant, un excellent moyen d'occuper une partie de la retraite. Certains, certaines diront: "Achalez-moi pas avec çà ! J'ai assez donné !" Il ne s'agit pas ce cela. D'autres prétendront ne pas savoir écrire. Faux ! Ne s'agirait-il pas de paresse intellectuelle ?
C'est vrai que nous n'avons pas, pour un très grand nombre, fréquenté l'université. C'est vrai que nous avons côtoyé à l'interne, des universitaires qui ont renoncé aux conditions des grands bureaux d'avocats, comptables, génie-conseil ou autres pour servir les travailleurs et travailleuses. Ceux-là nous ont beaucoup aidés et appuyés dans nos actions.
C'est vrai que nous n'avons peut-être pas lu Montesquieu, Baudelaire, Victor Hugo ou Proust, que nous connaissons peu les grands peintres, philosophes, sculpteurs et autres, et que nous ne fréquentons que très peu les grands concerts symphoniques et les opéras. Que nous considérons encore tout cela comme réservé à l'élite, par goût ou par snobisme.
Vous me direz que cette absence de lettres et de diplômes, et cette méconnaissance de la culture classique, traditionnellement l'apanage des riches, ne comporte aucun intérêt pour vous et ne vous empêche pas de dormir, je vous croirai. Savez-vous quoi ? Vous êtes tous et toutes diplômé de l'Université de la vie. Et c'est probablement la meilleure.
J'ai un ami d'enfance qui est diplômé en médecine orthopédiste et il prendra bientôt sa retraite. En prenant un café en attendant nos conjointes respectives qui faisaient du shopping, il m'a dit: "Tu sais, moi, je ne connais que l'orthopédie. C'est intéressant, mais je ne connais que ça, et je travaille comme un fou. Tu n'as pas idée comment j'envie un gars comme toi et d'autres. Quand par exemple, alors que je répare la jambe d'un gars de la construction, accidenté du travail, il me parle de son travail, de ses chums, du plaisir qu'ils ont à jouer au hockey ensemble, de son auto qu'il répare lui-même, de sa maison qu'il a presque construite lui-même, de son fils qui joue au soccer et qu'il suit partout. Je me dis qu'il est chanceux de vivre tout ça.
"Vous en aurez à raconter à vos petits enfants, alors que moi, je leur parlerai de jambes, de bras cassés et de dos que j'aurai rafistolé"
Un pensez-y bien, n'est-ce pas ?
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Janvier 2016
LA SOCIÉTÉ N'AIME PAS LES VIEUX
Dernièrement, en octobre, des jeunes et moins jeunes de mon entourage ont organisé un petit party pour souligner mon 86ième anniversaire.
Une nièce approchant la cinquantaine est venue à son tour pour m'embrasser ( ce qui n'est pas particulièrement désagréable ); _"Mon Dieu! me dit-elle ( appelle-moi Maurice ) "Je n'en reviens pas ! quatre..vingt..six..ans… et en pleine forme ! Je trouve ça tellement formidable ! Félicitations ! C'est extraordinaire ! C'est 86 belles années ! Humm..! ( un 2ième bec sur les deux joues ) . Quand elle se fut calmée, j'ai mis ma main sur son épaule, me suis approché de son oreille, et je lui ai dit : "Les veux-tu ?"
J'emprunterai ici quelques extraits du texte de ce blogueur, Claude Bérubé, valeureux retraité de 74 ans, engagé dans le bénévolat dans la région de Drummondville. Il a récemment publié ce blogue sous ce titre percutant: "La société n'aime pas les vieux".
Voici donc comment il s'explique:
L'autre jour, on m'a félicité parce que je ne parais pas mon âge. Donc, je parais plus jeune. Quel compliment futile ! Comme si seulement paraître plus jeune était un compliment pour un vieux. Pour ceux qui s'y accrochent, peut-être ? Qu'on me dise que je vieillis bien. Qu'on me dise que je fais un beau vieux. Qu'on me dise que j'ai l'air serein.
Qu'on me demande ce que je pense de certaines choses, cela m'honore. En quoi le fait de dire à quelqu'un qu'il a l'air plus jeune est un compliment ? C'est quoi cette obsession de rajeunir son aspect extérieur ? D'avoir l'air plus jeune ? Depuis quand le fait de vieillir est-il laid ? Je connais tellement de jeunes...laids. La beauté n'a rien à voir avec l'âge. Elle est d'ailleurs toujours imparfaite.
Notre société n'aime pas les vieux qui ont l'air vieux. Et ça, ce n'est pas un jeu de mots. On me dira qu'il faut avoir le coeur jeune. Quelle imbécilité ! Mon coeur est aussi vieux que ma peau. Même les vieux sont gênés d'être vieux.
On a sorti du chapeau du magicien deux milliards de dollars pour les garderies. Mais, on a perdu le chapeau pour les vieux. Un autre milliard pour les avortements, mais la caisse est vide pour les vieux. Un autre milliard pour les congés parentaux. Le gouvernement oublie les vieux papas.
Il suffit de consacrer une pensée à la piètre condition des vieux dans les CHSLD pour constater quelle belle société nous sommes, nous qui aimons si peu nos vieux. Des associations d'anciens retraités tentent de sensibiliser nos dirigeants et ne reçoivent que des fins de non-recevoir. "Nous manquons d'argent" disent-ils.
Quand j'écris que notre société n'aime pas ses vieux, je pense aux coupures dans les services qu'on leur fait subir. Pourtant on en trouve des dollars quand on veut bien. Pensons à nos chers médecins et à tant d'autres Bombardiers de ce monde.
Un symptôme évident de ce sentiment de la société envers les aînés réside, par exemple, dans le fait qu'elle devrait consacrer le même montant per capita aux plus pauvres des vieux qu'elle alloue aux prisonniers. Mais non; on aime mieux les prisonniers.
Je pense pourtant à tous ces souvenirs que la vieillesse apporte. Je prétends à cette sagesse qui colle à mon âge. Je revendique le droit d'exprimer ce que la vie m'a appris. Je réclame le droit de vieillir dans la dignité. La dignité du vieil âge, cela doit bien exister ?
Claude Bérubé, essayiste, conférencier et blogueur
Voilà ! Il m'apparaît que la militance pour une cause semblable se marie très bien, en terme de continuité d'engagement, à la militance syndicale que nous avons pratiquée au cours de notre vie active.
Maurice Boucher
Source: Huffington Post, LES BLOGUES - Claude Bérubé 19 janvier 2016
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Août 2015
LE TEST DES TROIS PASSOIRES
Le monde des communications est devenu méconnaissable; courriels, facebook, twitter, blogue, sms, texto, portables, tablettes et j'en passe. On n'a qu'à visiter des pages de facebook pour se rendre compte de la quantité de personnes qui sentent le besoin de communiquer leur opinion, leurs sentiments sur tous les évènements, les situations, les actualités ou autres,que ce soit politique, social ou culturel, enfin sur tout ce qui nous entoure, qui survient ou qui meuble la vie quotidienne, qu'elles aiment ou n'aiment pas, le tout transmis à des centaines, voire des milliers de personnes amies connues ou inconnues. Ce qu'on appelle: les réseaux sociaux.
Les nombreux commentaires qu'on y trouve sont de toutes natures; de sérieux et intéressants à irréfléchis et ennuyeux. Mais comme ces messages atteignent un grand nombre de lecteurs et sont porteurs de jugements, les préjugés y trouvent une grande place.
Socrate, ce grand philosophe de la Grèce antique qui nous a laissé une haute réputation de sagesse, incitait le peuple à réfléchir avant de rapporter les paroles prononcées par d'autres. Voici comment il procédait:
Quelqu'un vint un jour visiter le grand philosophe pour lui dire:
_ « Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ? »
_ « Un instant », répondit Socrate. « Avant que tu me raconte cela, j'aimerais te faire passer un test très rapide. Ce que tu as à me dire, l'as-tu fait passer par les trois passoires ?" »
_ « Les trois passoires ? Qu'est-ce que c'est ? »
_ « Mais oui », repris Socrate. »Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce qu'on aimerait dire. C'est ce que j'appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me raconter est VRAI ? »
_ « Non, pas vraiment. Je n'ai pas vu la chose moi-même, je l'ai seulement entendu dire.. »
_ « Très bien ! Tu ne sais donc pas si c'est la vérité », répondit Socrate. « Voyons maintenant. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de BIEN ? »
_ « Ah non! Au contraire. J'ai entendu dire que ton ami avait très mal agi. »
_ « Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es pas sûr si elles sont vrais. Ce n'est pas très prometteur. Mais tu peux encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilité. Est-ce UTILE que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ? »
_ « Utile ? Non pas réellement, je ne crois pas que ce soit utile. »
_ « Alors, de conclure Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni VRAI, ni BIEN, ni UTILE, pourquoi vouloir me le
dire ? Je n'en veux rien savoir, et de ton côté, tu ferais mieux d'oublier tout cela ! »
Maurice Boucher (un ami de Socrate)
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Mai 2015
LES GÉNÉRATIONS SE SUCCÈDENT PUIS SE REJOIGNENT À LA RETRAITE
"Chaque génération se croît plus intelligente que la
précédente et plus sage que la suivante" George Orwell
Sans qu'on en possède les statistiques, peut-on penser que les personnes retraitées qui composent l'ORCSN sont âgées d'entre 55 et 85 ans ? Si on a raison, une période de 30 année sépare le plus jeune du plus vieux.
Ces personnes se situent dans différentes générations qui doivent cohabiter. Mais, attention ! Ce n'est pas tranché au couteau. Les vécus qu'on voudrait voir se démarquer chevauchent l'un sur l'autre, ce qui fait que pour une période, nous sommes en face de deux générations, ce qui vient compliquer leur interrelations.
C'est ce que Josée Marceau, diplômée en histoire de l'Université de Sherbrooke a compris dans un ouvrage appelé: "La cohabitation des générations" publié aux Éditions La Presse en 2012.
Nous entendons fréquemment parler de la génération des baby-boomers, de la génération X, et nous voilà maintenant avec la génération Y.
Mais qu'est-ce qu'une génération ? De qui parle-t-on par ces appellations ? C'est dû à cette publication en l'an 2000 de Neil Howe et William Strauss1. Ils ont identifié 6 générations de durées variées compte tenu les circonstances qui ont influencé les moments historiques qu'ils ont vécus. Dans le cas qui nous concerne, nous en retiendront trois dont nous sommes: les baby-boomers, la génération des X et la génération des Y.
Les baby-boomers (1945-1964)
Oui ! oui ! Très bien ! Ils ont tout inventé, on le sait ! Ils ont transformé les conditions de travail en se préoccupant sérieusement de préparer leur retraite. Ils ont évolué dans une économie florissante d'après-guerre. Le niveau de vie a triplé de 1945 à 1970. Ils sont considérés comme une génération gâtée par la vie. Certains d'entre eux revendiquent la responsabilité de tout cela ! Le père travaille à l'usine sur la chaîne de montage, le fils est cadre dans les bureaux de la compagnie. Voilà la nouvelle classe qu'on appelle: moyenne. Ils sont nombreux et constituent un poids politique important.
Arrivent la TV, l'informatique, et les idées nouvelles qui atteignent cette génération. "C'est le début d'un temps nouveau" comme dit la chanson. On assistera à la création de nouveaux partis politiques, de nouvelles centrales syndicales, des cegeps, des polyvalentes, des programmes de prêts et bourses (que quelques-uns remboursent encore) , et des salaires élevés de la Baie James pour des milliers de québécois.
L'élite intellectuelle n'est plus l'apanage du clergé catholique. Ils ont modernisé le Québec par la révolution tranquille. Comparativement à leurs parents soumis aux règles de l'Église, ils ont besoin de liberté, fini l'obligatoire mariage à l'Église, les familles nombreuses, la messe du dimanche. C'est l'ère de la pilule contraceptive et de la libération de la femme.
Tout comme ils avaient rompu avec le respect de l'autorité, la patience et l'esprit de sacrifice de leurs parents, les voilà maintenant qu'ils jugent le comportement de la génération qui les suit. Cela fait partie de leur ADN de contester ce qu'il advient à ce qu'ils ont, ou croient avoir construit. Ils voulaient tout, ils ont eu tout et désire le conserver pour leurs enfants. Ils écoutent la même musique qu'eux, papa au crâne dégarni porte les jeans et le T-shirt, roule en décapotable, ou en rêve. Maman s'habille dans les mêmes boutiques que sa fille, ils achètent des billets pour le show des U2 au Centre Bell. Ils cherchent désespérément à rester jeunes.
Leur retraite ? Voyages, voyages ! Dîners gastronomiques au condo ou dans les grands restaurants. "Les traditionnels qui les ont précédés étaient vieux dans leur jeunesse, les baby-boomers sont jeunes dans leur vieillesse".
La génération X (1965-1981)
On les a appelés "la génération sacrifiée". Ils sont nés au mauvais moment. Moins nombreux que leurs prédécesseurs, ils ont souvent été oubliés, négligés à l'image des enfants sandwichs nés entre le grand frère qui fait la fierté de ses parents et le bébé chouchou de la famille. Ils s'adaptent aux évènements de leur vie. Difficile à caractériser, ils détestent les étiquettes.
Tout leur est tombé sur la tête; récession de 1980-1981, perte de 67 000 emplois au Québec en 1982. Et puis, en 1987, le pire krach économique depuis celui de 1929. L'économie est à son plus mal, les emplois stables sont rares. Les baby-boomers n'ont pas appris à partager, ils s'accrochent à leurs acquis et offrent aux X que des petits emplois mal payés.
Et voilà que s'amènent la TPS et la TVQ pour alourdir les factures des dettes d'études qu'on rembourse de peine et de misère quand on n'est pas mené à la faillite. Sur le plan politique, la situation n'est pas plus rose. De 1970 à 1983, on assiste à quatre confrontations entre le gouvernement provincial et les centrales syndicales allant jusqu'à l'emprisonnement de leurs chefs.
Tout cela est assaisonné d'évènements comme le référendum de 1980 qui apporte son lot de déceptions, auquel il faut ajouter les actes de violence; crise d'Oka fusillade à l'Assemblée nationale, la Polytechnique. Aussi le déluge du Saguenay en 1996 et la crise du verglas en 1998.
Au point de vue social, de 1970 à 1990, plusieurs changements. L'arrivée du sida vient changer pour toujours les rapports sexuels. La liberté des baby-boomers est terminée, on passe aux rapports protégés, les divorces sont en augmentation, ils passent de 8.8% en 1985 à 51% deux ans plus tard.
Même si les X n'aiment pas les étiquettes, ils réalisent que contrairement aux baby-boomers, le cynisme est potentiellement présent chez eux. Ils ne pourront pas se fier au système, aux institutions, ou aux gouvernements pour garantir leur avenir. Leurs parents ayant été le plus souvent absents, ils ont dû se débrouiller seuls, lorsqu'ils sont arrivés sur le marché du travail, les portes de l'emploi leur était fermées, ils doivent mettre des années avant de se trouver un poste régulier.
La génération des X ne fait pas confiance aux politiciens, ni aux patrons, ni aux collègues de travail. Doutant de l'intégrité ils préfèrent exploiter le système plutôt que d'être exploités par lui, ils n'aiment pas en "jouer le jeu".
Le plus grand avantage qu'ils ont sur les générations précédentes c'est leur rapport facile avec les nouvelles technologies. Première génération à utiliser les ordinateurs, les X n'ont pas de blocage comme certains collègues plus âgés et cette compétence les aide à intégrer le marché du travail.
Les "baby-boomers" vivaient le moment présent tout en planifiant leur avenir, les X sont des battants. Ils se méfient du présent et planifient à moyen terme. Leur message est clair: "Je ne fais confiance à personne et je contrôle mon destin. J'ai un plan B, si je dois quitter mon emploi, j'ai déjà prévu plusieurs options". Tel un ancien vendeur itinérant, le X a toujours un pied dans porte, pas nécessairement pour entrer, mais plutôt pour être prêt à sortir...
Ils possèdent une conscience planétaire. Ils écoutent la musique sud-africaine, du reggae jamaicain, de la salsa latino-américaine et du rap new-yorkais. Ils mangent des sushis, du ceviche et boivent du vin espagnol. Ils sont des citoyens du monde, ouverts à la diversité et ils se sentent à l'aise partout.
La génération Y (1982-2000)
Ils ne sont pas encore présents dans les associations de retraité(e)s comme la nôtre mais il y aurait lieu de nous préparer à les accueillir. Peut-être, lorsqu'ils vous seront présentés, accepteront-ils de lever les yeux de sur leur I-phone pour se montrer heureux de faire votre connaissance. Ils ont des parents X ou parfois baby-boomers. Les plus vieux ont obtenu leur diplôme du secondaire en 1999. Ils sont la génération du millénaire.
Ils sont ceux par qui le changement arrive. Ce sont des hédonistes, ils veulent le plaisir partout, tout le temps. Ils veulent vivre leur vie au maximum loin de la routine et de l'ennui. Ceux d'entre eux qui atteignent maintenant la trentaine ont leurs valeurs; la famille, l'amitié, le souci de l'environnement, la justice sociale et la loyauté. Adultes, ils continuent d'avoir le soutien de leurs parents qui aident financièrement à l'achat de la première voiture et parfois de la maison et ils les amènent en vacances.
En terme d'amitié, ils ont plusieurs cercles d'amis via les réseaux sociaux. Ils partagent les nouvelles photos et nouveaux vidéos, planifient des sorties ou des voyages.
Pour plusieurs des Y, surtout pour ceux nés dans une famille moyennement aisée financièrement, la vie est un immense buffet, à volonté, plein de choses qu'on aime. On goûte à tout sans nécessairement finir tous les plats. Pourquoi se priver quand on peut y retourner tant qu'on veut.
C'est la vitesse qui caractérise les Y. Ils ont grandi dans un monde à la vitesse grand V. Ils ne se sont jamais levé pour changer la chaîne TV, l'internet a toujours été à haute vitesse. Ils carburent au guichet automatique et à la carte de crédit. Ils n'attendent pas que le nouvel album de musique soit en magasin, ils l'achètent sur internet une ou deux semaines à l'avance. Google est plus rapide que le dictionnaire, les émissions s'enregistrent et on les écoute sur le téléphone intelligent en attendant l'autobus. Ils marchent et textent en même temps, étudient en parlant au téléphone et tweetent en assistant à un concert.
"Mais, si le temps est si précieux pour eux", diront les baby-boomers, "pourquoi en perdent-ils autant à s'envoyer des messages textes et à s'amuser sur internet durant des heures ? Ne devraient-ils pas être plus utiles à ét6udier et préparer leur avenir ?" "Quel avenir ?" Vont-t-ils répondre. Ils ne perdent pas leur temps ! Ils le vivent !
Zone de choc entre les générations
Nous sommes au niveau des conception, des impressions que se font des autres chacun de ces groupes d'âges, pourtant, ils ont tellement de choses en commun: le travail, la vie de couple, les enfants, la vie sociale etc.. qui meublent notre quotidien. Mais, qu'on le veuille ou non, c'est au travail que les choses se passent, on y passe la moitié de notre vie éveillée.
Quand les personnes sont toutes retraitées comme nous le sommes, entre nous, ces discordes, ces conceptions différentes, ces divergences entre groupes ne sont pas de nature à déranger dans le comportement de chacun, chacune de nous à l'ORCN quelque soit les activités, les démarches ou le fonctionnement de l'organisation.
Mais le travail professionnel n'y étant plus, il y a encore nos familles, parents, enfants, petits enfants de différents âges qui sont quand même intéressants à observer, et notre génération, qu'elle soit baby-boomers, X ou Y, a influencé, influence ou influencera peut-être dans l'entourage.
Aussi, comme vous vivons dans une société aux nombreux et fréquents changements et évènements, lors de nos rencontres périodiques; dîner, épluchettes, AGA etc.. voilà un sujet d'échange entre nous susceptible de meubler nos conversations de façon intéressante.
Maurice Boucher, (de la génération silencieuse ou traditionnelle)
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Mars 2015
LE BONHEUR EN MAISON DE RETRAITE
Blandine vient d'avoir 86 ans. Elle est entrée en maison de retraite il y a 8 heures.
C'était son souhait. Elle se promet de tout faire pour que sa vie continue d'être formidable.
Mais, elle s'attendait à une ambiance plus gaie. Elle trouve que ses colocataires ne sont pas vigoureux. C'est comme s'ils avaient poigné le fixe, comme s'ils faisaient semblant de dormir.
Ou bien, ils ne vivent que dans leurs souvenirs qui repassent constamment !
Elle a décidé de leur écrire une lettre :
Bonjour à toutes et à tous !
Merci de m'accueillir parmi vous.
En m'amenant ici, je me suis demandé si ma décision n'était pas le commencement d'une vie inutile et sans espoir. Mais non !
Vous allez être d'accord avec moi si je dis que le monde d'aujourd'hui a été grandement façonné par nos mains, nos efforts, nos désirs, nos larmes et notre attachement à tout ce qui nous entourait. On a tous contribué, qu'on le veuille ou non.
Quand le temps de la retraite est venu, il n'était pas question de tout abandonner. Nous ne travaillons plus, mais notre responsabilité envers le monde, notre monde, demeure.
Regardons autour de nous toutes ces jeunes femmes qui sont à notre service, certaines pourraient être nos filles, d'autres nos petites filles.
Mais, comment aider quelqu'un que l'on ne comprend pas ? Quelqu'un dont on n'a pas partagé les expériences, le sens de la vie ? Comment les aider à mieux nous comprendre, mieux nous aider ?
Comment pourraient-elles nous servir mieux ? Mais aussi leur transmettre nos pensées, puisque c'est pour nous une fierté et un devoir moral.
Si nous ignorions ces choses, il y a fort à parier que nous deviendrions les esclaves de nos petits bobos, que nous passerions notre temps devant la TV. Enfermés dans nos songes et souvenirs, on ne leur proposerait que notre absence.
Qu'est-ce qu'elles penseraient de nous ? Que nous avons renoncé ? Que les efforts que nous avons faits toute notre vie pour améliorer le sort de celles et ceux qui nous entouraient, ne servent è rien ? Non ! Ce n'est pas nous cela, ce n'est pas pour nous !
Un auteur du 18ièeme siècle disait que, peu de gens savent être vieux. Montrons que nous sommes de ceux-là. Commençons simplement, accueillons-les dès le matin avec un sourire, soyons patients, compréhensifs, mais aussi, fermes s'il le faut.
La patience et la sagesse sont de notre côté. Nous devons en user avec modération.
Merci de votre lecture.
(source : Senior actu.)
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Décembre 2014
JE NOUS EN SOUHAITE ‘’JUSTE ASSEZ’’
À la veille de cette période des Fêtes, la joie, le bonheur, les réjouissances, les cadeaux, les élans de générosité, l’esprit familial etc., au-delà de la dimension commerciale de cette montée d’émotions, je m’en rapporte à une expérience vécue qui m’avait vraiment impressionné et qui tranche avec les formules traditionnelles de ‘’Joyeuses Fêtes et Bonne Année’’.
Alors que j’étais en attente d’un départ à l’aéroport bondé pour l’occasion, j’ai entendu bien malgré moi, un monsieur qui, après avoir pris dans ses bras et embrassé la jeune fille avec qui il parlait, alors qu’elle s’était levée à l’appel de son vol, lui dire en guise d’adieu : ‘’ Je t’en souhaite juste assez ma fille !’’
Comme j’étais resté touché et surtout curieux de l’utilisation d’une telle formule, je me suis adressé à cet homme pour lui dire que bien involontairement j’avais entendu ses paroles adressées à sa fille et que je me trouvais bien intéressé à la signification de cette expression : juste assez!
Il m’a gentiment expliqué que sa fille partait à Vancouver pour retrouver son frère, sa belle-soeur et ses 2 enfants pour y passer Noël avec eux.
-Mais, lui dis-je, que signifie cette expression que vous lui avez adressée : ‘’Je t’en souhaite juste assez !?’
Avec un grand sourire, cet homme dépassant à peine l’âge moyen me fit un grand sourire malgré ses yeux roulant dans l’eau, probablement à l’idée de passer Noël sans la présence de sa fille, et il s’est donné la peine de me raconter qu’il s’agissait là d’une tradition dans sa famille. _‘’Nous disons à chacun et chacune des personnes qu’on aime des choses comme :
_ Je te souhaite juste assez d’expériences, bonnes ou mauvaises, pour garder une attitude brillante!
_ Je te souhaite juste assez de pluie pour apprécier le soleil !
_ Je te souhaite juste assez de bonheur pour garder ton esprit vivant !
_ Je te souhaite juste assez de douleur afin que les petites joies te paraissent plus grandes !
_ Je te souhaite juste assez d’argent pour satisfaire tes besoins et ainsi tu apprécieras les surplus !
_ Je te souhaite juste assez de pertes pour apprécier ce que tu as !
_ Je te souhaite juste assez de ALLO ! pour ne pas avoir trop de derniers AU REVOIR !
Donc, à toi que j’aime, en ce temps des Fêtes,
‘’JE T’EN SOUHAITE JUSTE ASSEZ !!’’
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Novembre 2014
LE PARTAGE
À la CSN, où nous avons milité une grande partie de notre vie, il est un des principes fondamentaux qui était fréquemment rappelé et qui continue de l’être, c’est celui du partage. Le partage de la richesse bien sûr, à la base de nos revendications et qui s’impose de plus en plus, compte tenu de l’élargissement de l’écart des revenus entre les pauvres et les riches. Mais l’importance de cette grande valeur dont nous sommes certainement imprégnés nous interpelle dans notre vie quotidienne.
Un matin, je me suis levé avec cette idée de ‘’explorer un mot’’, une vieille habitude qui me revient de temps en temps. Il est bon pour une personne retraitée de se nourrir l’esprit quelque peu avec de tels trucs pour demeurer alerte. Il s’agit de choisir un mot, de préférence en nous levant le matin, et de décider de trouver des occasions de l’utiliser au cours de la journée, ou d’en observer l’utilisation chez les autres. Essayez ! Vous verrez, c’est à la fois amusant et assez formateur, je l’avoue.
Prenons cet exemple : Ce jour-là, comme bien souvent, j’ai d’abord ouvert ma radio et suis tombé sur ce bon vieux Edgar Fruitier et sa musique classique que je ne connais pas du tout mais qui, parfois peut être intéressante à entendre mais aussi me tomber sur les nerfs. Ce matin- là, j’entends ce commentaire d’Edgar qui faisait part à ses auditeurs du plaisir qu’il avait à ‘’partager’’ ces instants avec eux.
Ça y était ! Voilà mon mot pour cette journée : ‘’partage’’.
Ce n’est pas dans mes habitudes mais comme un soleil radieux allumait les merveilleuses couleurs des feuilles d’automne, je décidai d’aller marcher un peu et prendre un café au Tim Horton du coin avec quelques vieux chums qui y sont tous les matins. En mettant le pied dans la porte, je me fais presque bousculer par deux adolescentes dont l’une était en furie : ‘’… Ça se dit ton chum’’ dit-elle à l’autre, ‘’pi ça refuse de partager le 100 $ qu’il a gagné à la lotto ! Je te jure que si c’était le contraire, j’aurais été obligée de partager avec lui !’’
‘’Oups ! Que je me suis dit, le partage est en difficulté ici ! Je me rends au comptoir avant d’aller rejoindre les chums, je commande mon café. En me retournant j’avais mon vieil ami Denis devant moi, il était en train de tâter ses poches. Avec son sacre préféré, il s’exclame : __’’Ça parle au…. j’ai oublié mon portefeuille à la maison!’’ __’’Pas grave, mon Denis ! Tiens, prends ça ! Je lui tends un 5 $. On peut bien partager ça avec un vieil ami’’, que je lui dis. __ ¨Je te revaudrai ça Maurice’’, dit-il.
J’ai rejoint la gang et en un rien de temps, on avait réglé plusieurs des problèmes dans le monde, l’Irak, la saison du hockey, les prochaines élections, et l’hiver qui rime avec misère qui approchait. Aussi Lucien nous a raconté qu’il avait passé la fin de semaine chez sa fille dans le bas du fleuve parce que leur maison a été ravagée par les inondations. Puis son gendre est en chômage. Il nous a dit qu’ils étaient une vingtaine de gars de ce petit village qui était venus pour une corvée. __’’Ces gens-la partagent bien la misère’’, a dit Lucien.
__’’Pourquoi tu dis qu’ils partagent la misère ?, lui ai-je demandé. C’est Denis qui m’a répondu : __’’C’est comme ça qu’on partage la misère dans ces villages-là, quand il y en a un qui est mal pris, on fait une corvée et tout le monde met l’épaule à la roue, pi c’est gratis’’.
Sur la fin de l’après-midi, je passe par l’épicerie. Une jeune mère ordonne à son plus vieux d’environ 4 ans, de partager sa tablette de chocolat avec sa petite sœur qui pleurait. __’’Apprends à partager, espèce d’égoïste !’’, qu’elle lui dit. Le jeune père qui est quelques pas en arrière, a tout de suite réglé la question : __’’Attends une minute ! Je vais en acheter une autre, pi on va avoir la paix !’’
Je me suis dit que peut-être qu’il va avoir la paix, mais pour ce qui est du partage, ses enfants vont devoir l’apprendre ailleurs. Nous, dans notre temps, c’est à l’école qu’on apprenait le partage et l’amour du prochain. Aujourd’hui, c’est bien changé, parfois, des petits gars poignardent leurs petits copains dans la cour de l’école et les filles se mettent en gang pour en battre une autre. On appelle ça l’intimidation. ‘’Vive l’ère du ‘’bitchage’’ et au diable ‘’le partage !’’
Maurice Boucher
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Septembre 2014
MA TANTE BLANCHE N’AVAIT PAS DE SANTÉ
Certaines personnes sont obsédées par leur santé au point de s’en rendre malade. Mais, comme le suggère la spécialiste-santé en France, Nancy Cattan, quelle que soit son état, bon ou mauvais, la santé reste un état. À un moment précis, il peut évoluer dans un sens ou dans l’autre, et parfois rapidement, mais il n’est pas un projet.
Lors d’un voyage de vacances en Gaspésie, il y a plusieurs années, je me suis arrêté chez mon oncle Ferdinand. Son travail l’amenait souvent à Québec et il nous parlait de ma tante Blanche, de sa santé fragile et des médecins qui n’arrivaient pas à diagnostiquer sa maladie. J’avais donc une occasion en or de connaître ma tante.
À l’époque, elle dépassait à peine les 40 ans : « J’avais hâte de vous connaître depuis longtemps ma tante. J’en suis ravi ! Comment allez-vous ? » « Ho ! Mon pauvre petit garçon ! » Me répondit-elle, « Je ne vais pas très bien. Si tu savais comment je n’ai pas de santé ! » Elle m’explique qu’ici en Matapédia, les médecins ne valent pas cher : « J’en suis à mon troisième et il n’est pas meilleur que les deux autres » ajoute-t-elle.
Je me suis dit que pour que la santé soit bonne ou mauvaise, il fallait commencer par en avoir une, mais ma tante, elle, n’en avait pas.
Quand mon oncle est parti à la retraite, ils sont venus demeurer dans la région de Québec, histoire de se rapprocher des services, particulièrement médicaux puisque ma tante n’avait pas encore retrouvé sa santé et encore moins un médecin capable de lui aider. Elle s’est tout de suite mise à la recherche d’un médecin, mais, après un an ou deux, elle en avait consulté quelques uns, elle les considérait tous moins bons les uns que les autres. En Gaspésie, elle en avait congédié trois ou quatre pour incompétence.
Ma tante nous a quittés pour un monde meilleur, (probablement mieux équipé de médecins). Elle avait 83 ans et 7 mois. Malade depuis toujours, sans jamais avoir appris précisément de quelle maladie elle souffrait. Mon oncle Ferdinand s’est remarié un an plus tard avec une femme forte et en bonne santé qui est devenue veuve 2 ans plus tard avec l’argent de mon oncle.
Certaines personnes sont tentées comme le dit Mme Cattan, de mettre sous observation permanente les mouvements d’humeur d’une santé farouchement indisciplinée, avec l’intention de la dompter, mais elles oublient que la santé n’est pas un projet, elle est simplement une condition, une situation qui nous permet d’avancer, d’aller toujours un peu plus loin.
Alors, aidons cet organisme qu’est l’état de santé, en lui fournissant des carburants de qualité et en gardant en tête que la première fonction de la santé est de nous aider à réaliser nos projets, ceux-là même qui nous maintiennent en vie à tout âge.
Maurice Boucher, septembre 2014
Source : Nancy Cattan, http://www.senioractu.com
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Août 2014
JEAN-MARIE EST MALHEUREUX !
J’ai rencontré Jean-Marie que je n’avais pas vu depuis longtemps. Retraité depuis 5 ans, il approche 70 ans.
Un compagnon de travail que j’appréciais, j’étais heureux de le revoir.
En marchand vers le stationnement, comme mon épouse et moi avions bien connu le couple et que nous n’étions pas au pays lors du décès de son épouse, nous lui avons offert nos condoléances.
Ses premières paroles furent : « Vous êtes bien chanceux d’être encore ensemble. Depuis que ma Simone est partie, je suis désemparé. Voilà ce que je mange avec mes toasts et mon café instant » dit-il en montrant son sac contenant 5 ou 6 bananes, « le reste, c’est du fast food, je ne suis pas du tout doué pour la cuisine ».
Je ne reconnaissais pas le joyeux luron, ce boute-en-train avec qui j’avais travaillé durant des années : vieilli, l’air triste et regardant nulle part. Il me faisait vraiment pitié.
À ma question : « Comment tu occupes ton temps, mon John ? » Il m’informe qu’il bricole un peu dans son sous-sol, qu’il est toujours seul et qu’il trouve ça très dur. Avec un fils à Toronto et une fille à Montréal qu’il ne voit que rarement parce qu’ils sont très occupés, sauf aux Fêtes alors qu’il est allé pour à la fois voir ses deux petits-enfants.
« Avec Simone » dit-il, « on trouvait toujours quelque chose à faire : cinéma, danse à la Maison des Aînés, dîners de l’Âge d’or, etc.. seul » dit-il « je n’ai plus le goût de faire cela ».
Il était bien allé passer quelques après-midi au centre d’achat avec les vieux de son âge, mais il avait abandonné parce qu’il y entendait que des histoires de « chars », des sornettes et le récit de ceux qui revenaient de voyage, ce qui l’ennuyait.
La santé ? Son médecin lui a dit de surveiller son cholestérol et son diabète. Un peu d’arthrite comme tout le monde, il carbure aux Tylénols. Les exercices recommandés l’essoufflent trop vite (190 livres, ventru). La bière, il a presqu’arrêté ça, une ou deux le soir devant la TV.
Ce qui m’a le plus impressionné c’est l’affirmation suivante : « Des fois, je m’ennuie tellement que j’ai envie de demander des soins au CLSC pour qu’ils m’envoient quelqu’un. Cela me ferait quelqu’un avec qui parler. »
Jean-Marie vit un veuvage difficile. Je me suis mis à penser à cette réalité de l’isolement des personnes âgées, mais particulièrement celles dont on ne parle pas souvent, qui restent très affectées par le départ du conjoint ou de la conjointe, surtout aux femmes qui sont majoritairement dans cette situation, puisqu’en moyenne, elles survivent de 3 à 5 ans à leur mari ou conjoint.
Il ne serait donc pas étonnant qu’une quantité d’aînés fragilisés par le choc du départ du conjoint ou de la conjointe, avec un degré plus ou moins variable de difficultés à s’en remettre, utilisent inconsciemment comme stratégie, en réponse à leur isolement un rôle de personnes dépendantes dans le seul but d’avoir quelqu’un qui s’occupe d’elles ou d’eux.
Qui sait ? Peut-être qu’une recherche sérieuse nous permettrait de trouver là une cause à certains suicides. A mon avis, il est trop facile de ne rejeter que sur l’abandon par leurs familles, la cause de l’isolement des personnes âgées.
Maurice Boucher
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Juin 2014
MARTIN COITEUX : LA TROUVAILLE DE M. COUILLARD
Il s’appelle Martin Coiteux, un as professeur des HEC, avec fierté, Monsieur Couillard en a fait le ministre président du Conseil du trésor et, paradoxalement, responsable de la révision des programmes sociaux.
Mais, tenez-vous bien ! Ce monsieur Coiteux s’est avoué très intéressé à l’abolition pure et simple de notre programme des services de garde.
Sans égard au fait que cette mesure québécoise fait l’envie des citoyens et citoyennes de plusieurs sociétés et ignorant l’étude de Pierre Fortin et Luc Godbout de la Chaire de recherche en fiscalité et finances publiques de l’Université de Sherbrooke qui a conclu que les CPE s’autofinancent, notre cher ministre Coiteux, à droite de la droite de notre nouveau gouvernement, salive à l’idée qu’on pourrait faire « autre chose » du 2 milliards $ que coûte ce programme qui bénéficie à des milliers de familles québécoises.
Ce monsieur Coiteux ne veut rien savoir de ce service de garde qui permet à 70 000 femmes d’accéder au marché du travail, augmentant du même coup le PIB du Québec de plusieurs milliards de dollars.
Cet incohérent ministre a mis en doute la crédibilité de l’étude de Pierre Fortin et Luc Godbout sur le programme des garderies, mais il est resté muet sur la crédibilité de M. Godbout lorsque celui-ci a déposé avec M. Montmarquette, son rapport sur l’état des finances publiques.
Dans une déclaration à la Presse, le ministre Coiteux rêvait des nombreux emplois qu’on pourrait créer, n’eut été de ce programme de notre service de garde alors que le gouvernement aurait pu investir « ailleurs » les 2 milliards $ que coûte le programme.
Mais, de quel « ailleurs » s’agit-il ? : Les contrats d’infrastructure routière ? Les PPP en santé comme au CUSM ? Les tableaux blanc interactifs ? Le plan nord ? Ou peut-être le financement du parti libéral ? Il n’en souffle pas mot.
M. Coiteux oublie de mentionner que le programme de service de garde mis en place a généré des emplois de qualité pour les femmes (éducatrices, personnel de soutien, services alimentaires etc..) et qu’il a permis à 70 000 femmes de réintégrer le marché de l’emploi.
Comme le mentionnait la chroniqueuse Judith Lussier dans le Journal Métro, « c’est là que ce programme trouve tout le fondement de son excellence et sa raison d’être et qu’il constitue ce puissant levier de l’égalité femmes-hommes qui a permis au Québec de faire un pas de géant en la matière ».
« On parle ici », ajoute-t-elle, « d’un programme concret qui stimule l’emploi et les naissances, qui fait du Québec un endroit attrayant pour l’immigration et l’investissement, qui s’autofinance en générant même des profits.
Nous n’avons pas les moyens de nous priver des garderies à 7 ou 8 $. Mais, M. Coiteux ne croit pas aux bénéfices économiques des CPE. Avec un tel président du Conseil du trésor, et la perspective des négociations pour le renouvellement des conventions collectives dans le secteur public, l’automne qui vient sera certainement plus chaud que le dernier.
Maurice Boucher
Sources : Louise Chabot CSQ
Huffington Post 5/6/2014
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1er mai 2014
LES VRAIES AFFAIRES
« Les vraies affaires » dont M. Philippe Couillard s’est gargarisé durant 30 jours avant de nous servir de premier ministre du Québec, se sont résumées à sa préoccupation pour « l’économie et l’emploi » comme s’il n’y avait que ça.
Malgré le fait que 58% des citoyens qui se sont présentés aux urnes n’ont pas voté pour son parti, nous avons quand même droit à un gouvernement majoritaire. Ce sont des choses qui arrivent quand on a un mode d’élections qui se fout des minoritaires.
M. Couillard aura donc à consacrer majoritairement ses efforts à s'occuper des « vraies affaires » d’une majorité qui ne lui a pas accordé sa confiance. Paradoxal, contradictoire, indécent, irréaliste, irrespectueux ? M’enfin, le ridicule ne tue pas. On y est habitué. Paraît-il qu’on a les gouvernements qu’on mérite.
Mais, profitons du 1er mai : « journée internationale des travailleuses et travailleurs » pour rappeler à M. Couillard qu’il est certaines « vraies affaires » dont il n’a pas parlé au cours de sa campagne. En évitant de s’inonder de chiffres et de références, suggérons au gouvernement Couillard certaines des «vraies affaires » qu’il n’a peut-être pas vues :
- - L’écart entre les salaires des travailleuses et travailleurs et ceux des grands patrons et de leurs banquiers scandaleusement et démesurément élevés et en pleine croissance.
- - Chacun des 100 patrons dont les revenus sont les plus élevés, gagnent en une journée et demie ce que leurs employés reçoivent en salaire en une année entière.
- - Les revenus des grands patrons d’entreprises cotés en bourse ont augmenté de 73% au cours des 15 dernières années, alors que ceux de leurs employés ont majoré d’à peine plus que le taux d’inflation.
- - Les p.d.g. des 5 plus grandes banques canadiennes gagnent plus de 10 millions $ par année.
- - La productivité pour chaque heure travaillée a augmenté de 32% au Québec en 30 ans. Les revenus de travail pur la même période ont augmenté de 15%.
- - Au Québec, le salaire horaire des travailleuses et travailleurs a enregistré la plus faible augmentation de la décennie en 2012, soit 1.5%.
On en passe et des meilleures ! Situation scandaleuse ! Doit-on croire qu’en termes de scandales, le parti de M. Couillard qu’on a retourné au pouvoir, est un habitué ?
L’emploi et l’économie ? Mais pour qui ? Au profit de qui ?
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Avril 2014
"Un texte émouvant d'un auteur anonyme"
LA BALLADE EN TAXI
"Cela faisait vingt ans que je conduisais un taxi pour gagner ma vie. Lorsque je suis arrivé à 2h30 a.m., l’immeuble était sombre, on y voyait qu’une simple petite lumière dans une fenêtre du rez-de-chaussée. Dans ces circonstances, plusieurs chauffeurs auraient seulement klaxonné 1 ou 2 fois, attendu une minutes et seraient repartis.
Mais moi, j’avais trop vu de gens démunies qi dépendaient des taxis comme leur seul moyen de transport. À moins d’une situation sente le danger, je suis toujours allé à la porte. Cette personne a besoin de mon aide, me dis-je en moi-même. J’ai marché jusqu’à la porte et cogné : « Juste une minute! » a répondu une voix fragile d’un certain âge.
Je pouvais entendre quelque chose qui était trainé lentement sur le plancher. Après une longue pause, la porte s’est ouverte. Une petite femme dans les 80’s se tenait devant moi. Elle portait une robe imprimée et un chapeau sans rebord avec un voile épinglé dessus, comme quelqu’un sorti d’un film de 1940.
À ses côtés, une petite valise de nylon. L’appartement semblait comme si personne n’y avait vécu depuis des années. Tous les meubles étaient recouverts de draps. Dans un coin, il y avait une boîte de carton remplie de photos et de verres.
« Voudriez-vous porter mes bagages à l’auto ? » Me demanda-t-elle. J’ai apporté la valise jusqu’au taxi, puis je me suis retourné vers la dame. Elle a pris mon bras et nous avons marché lentement jusqu’au trottoir. Elle n’en finissait plus de me remercier pour ma gentillesse. « Ce n’est rien » lui dis-je, « j’essaie simplement de traiter mes passagers de la façon que je voudrais que ma mère soit traitée ». « Oh! Vous êtes le genre de bon garçon », qu’elle m’a dit.
Quand nous sommes montés dans le taxi, elle m’a donné une adresse et m’a dit : « Mais avant, je voudrais passer par la ville » J’ai répondu vitement : « Ce n’est pas le plus court chemin ». « Ho! çela ne me dérange pas. Je ne suis pas pressée » dit-elle, « je suis en route pour un hospice »
Je l’ai regardée dans le rétroviseur, ses yeux scintillaient, « Il ne me reste pas de famille » ajouta-t-elle. « Le docteur dit que je n’en ai pas pour longtemps » J’ai éteint le compteur et lui ai demandé quelle route elle voulait que je prenne. Je l’écoutais.
Pendant les deux heures qui ont suivi, nous sommes allés dans la ville. Elle m’a montré les édifices où elle avait travaillé auparavant comme opératrice d’élévateur. Nous sommes allés dans le quartier où elle et son mari avaient vécus quand ils étaient nouvellement mariés.
Elle m’a fait arrêter devant un entrepôt de meubles qui avait été une salle de danse et où elle allait danser quand elle était fille. Quelque fois, elle me demandait de ralentir en avant d’un immeuble particulier ou d’un coin du quartier, elle s’avançait sur son siège, fixait la noirceur et ne disait rien.
Comme les premières lueurs du matin apparaissaient à l’horizon, elle m’a soudainement dit : « Je suis fatiguée. Allons-y maintenant ». Nous sommes allés en silence jusqu’à l’adresse qu’elle m’avait donnée.
C’était un édifice bas, comme un petit foyer de convalescence, avec un stationnement qui passait sous un portique. Deux infirmiers sont sortis jusqu’au taxi aussitôt que nous nous sommes arrêtés.
Ils étaient soucieux et prévoyants surveillant chacun de ses mouvements. Ils devaient l’attendre. J’ai transporté sa petite valise jusqu’à la porte
La dame a été assise dans une chaise roulante. « Combien vous dois-je ? » m’a-t-elle demandé, cherchant dans sa bourse. « Rien » que je lui ai dit. « Mais vous devez gagner votre vie » répondit-elle. « Il y aura d’autres passagers» dis-je. Et, sans y réfléchir, je me suis penché et l’ai serrée dans mes bras. Elle s’est tenue sur moi étroitement, « Vous avez donné à une vieille femme un petit moment de joie que j’ai très apprécié. Merci ! »
Je lui ai serré la main et j’ai marché dans la faible lumière du matin. Derrière moi, une porte s’est refermée. C’était pour moi, le son de la fermeture d’une vie.
J’ai conduit sans but, perdu dans mes pensées. Pour une partie de la journée. Je pouvais difficilement parler. Je pensais que si cette femme avait pris un chauffeur fâché ou impatient de finir son quart de travail. Et si j’avais klaxonné qu’une fois et que j’étais reparti. À y réfléchir, je ne pensais pas avoir fait quelque chose de plus important dans ma vie.
Nous sommes conditionnés à penser que nos vies circulent autour de grands moments. Mais ces moments, nous saisissent sans que nous en soyons au courant, magnifiquement emballés de ce que les autres peuvent penser sans importance.
Les gens peuvent ne pas se souvenir de ce que nous avons fait pour eux, mais ils se rappelleront toujours comment « nous les avons fait se sentir »."
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Février 2014
SYNDICALISME, POLITIQUE ET CITOYENNETÉ
Né et élevé dans la pauvreté, d'un père d'une famille nombreuse, peu scolarisé, espérant en vain pour moi, des études universitaires tout à fait financièrement inaccessibles, attiré par le syndicalisme, me voici, à 41 ans, président de la plus importante fédération professionnelle du secteur privé de la CSN. Je m'amène comme retraité après 30 années d'occupation de plusieurs postes de responsabilités et je m'engage comme bénévole auprès des aînés, à l'AQDR. Même dans ce milieu, les syndicalistes ne sont pas toujours les bienvenus.
Assoiffé de justice, adhérant aux orientations socio politique de ce mouvement démocratique, pro actif de la révolution tranquille, comment ne pas être profondément attaché au Québec et ne pas porter fièrement l'étiquette de nationaliste québécois de centre-gauche.
Je traite ici de ce Québec que je veux, correspondant à mes valeurs démocratiques d'égalité, de partage, de justice, d'équité et protecteur de notre environnement, de notre culture et de notre langue.
Avec un bagage comme celui-là, comment exercer ma citoyenneté comme je le souhaiterais ? Influencer les citoyens de mon entourage, de mon milieu ? En d'autres termes, faire plus que voter aux 4 ans pour le moins mauvais des partis politiques. Comment rayonner dans mon milieu social et familial ? Dans mon milieu, je le sens bien, je fais œuvre de mouton noir pour un certain nombre. Je les aime quand même.
La scène se passe récemment chez ma nièce que j'aime. Elle m'a invité ainsi que quelques amis à une fête anniversaire. Elle m'approche avec une de ses amies :
_ Je te présente mon oncle Maurice qu'on aime tant et dont je t'ai parlé. C'est Sophie, me dit-elle, une amie de longue date qui avait bien hâte de te connaître !
_ Bonsoir madame| Enchanté!
_ C'est donc vous le fameux « mon oncle Maurice »! Il me semble vous avoir déjà vu, je ne sais où !
_ C'est possible. Les gens qui me reconnaissent sont plus nombreux que ceux que j'arrive à reconnaître.
_ Qu'est-ce que vous faites dans la vie, M. Boucher ?
_ J'étais syndicaliste à plein temps, retraité depuis longtemps et recyclé comme bénévole auprès des aînés, à l'AQDR.
_ Ah! Mon Dieu ! Une carrière dans le syndicaliste ? Dans le secteur public ou dans le privé?
_ Carrière est un grand mot! Les deux; J'étais conseiller à la négociation, puis responsable de la formation à la CSN.
_ Pas à la CSN par-dessus le marché! ? Seigneur ! Vous n'êtes pas sérieux ?
_ Vous pouvez m'appeler Maurice. Hé oui ! Je suis même très sérieux ! À la CSN ! « Par-dessus le marché !» ! Mais qu'est-ce qu'il y a ? Ça vous dérange ou quoi ?
_ Euh..; non..; pas du tout. Je n'ai rien contre les syndicats mais…c'est quand je vais apprendre çà mon chum ! Oh! Excusez-moi, il faut que j'aille le rejoindre, je vois qu'il me cherche.
_ Heureux de vous avoir connue Sophie. Bonne soirée !
En prenant une gorgée de mousseux, je jette un coup d'œil dans sa direction à l'autre bout de la pièce : elle parle à l'oreille de son conjoint en me désignant d'un hochement de la tête alors que je fais mine de ne rien voir. Lui, me regarde.
Les « maudits syndicats » çà dérange; les grèves, les lock-outs, les manifestations, etc.. Surtout à la CSN ! ( par-dessus l'marché ! ) a-t-elle dit ! Mais faut-il s'en surprendre? Dans le système dans lequel nous vivons, il est difficile de créer un juste équilibre des forces face aux intérêts divergents lorsqu'il s'agit de déterminer les coûts de la main d'œuvre dans une entreprise donnée. Devant la toute puissance des employeurs en général, la force collective des employés regroupés dans un syndicat devient non seulement utile à un juste équilibre, mais nécessaire.
Parfois, les syndicats dérangent non seulement l'employeur concerné qui s'y oppose farouchement comme Wall-Mart, mais aussi les citoyens quand le syndicat a recours à la grève, ou que l'employeur décrète un lock-out. Cela dérange du monde ! C'est bien connu.
Mais, d'autre part, les syndicats arrangent 40 % des travailleurs et travailleuses au Québec parce qu'ils reçoivent en moyenne un salaire de 8 % supérieur à ceux qui ne sont pas syndiqués, en plus de bénéfices marginaux garantis par leur convention collective.
Je me retrouve donc à l'envers du courant pour une majorité de personnes de mon milieu social et familial. Je ne peux me faire propagandiste du syndicalisme et engager des débats dans réunions sociales et surtout familiales et contrer ou ennuyer ceux que j'aime.
À de rares exceptions près, je me retrouve, comme on dit, à l'envers du courant pour un grand nombre de personnes de mon entourage. Vent de face. Comme le disait Churchill : « Le cerf-volant s'élève toujours contre le vent, jamais avec » Ce n'est pas toujours facile à vivre !
Je veux bien exercer ma citoyenneté et influencer ceux que je côtoie dans cette direction, mais, à la fois, j'ai beaucoup de respect pour les opinions des autres, surtout lorsqu'il s'agit de mes proches, de ceux et celles que j'aime, et comme c'est fragile et que parfois cela risque d'entraîner des frictions inutiles, je préfère garder de bonnes relations.
J'ai demandé à ma nièce quel était l'emploi de son amie Sophie et celui de son chum. Elle m'a dit qu'elle était cadre chez Desjardins et que lui, gérait deux concessions de McDonald dans la région.
Maurice Boucher
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Février 2014
À PROPOS DE LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE
Au printemps 2012, à l'occasion du conflit étudiant au Québec, qu'on a appelé le printemps érable, il a été abondamment question, dans les médias, chez les politiciens et dans les chaumières de ce qui a été appelé « la désobéissance civile », une expression, jusque là, peu répandue dans les actualités politiques québécoises.
S'agissait-il d'une action contraire à la loi ? D'un acte criminel ? Ou d'une action politique visant à renverser un gouvernement ? Ou d'un groupe d'anarchistes, de meneurs de troubles contestant l'ordre et la loi ? À première vue, nous sommes portés à prétendre que c'est tout cela à la fois. Mais, attention ! Il y a lieu de regarder la question de plus près, et surtout de ne pas associer la désobéissance civile à la violence, ce qui est tout à fait à l'inverse.
Se pourrait-il dans le courant de notre vie, qu'une loi vienne heurter une conviction profonde de notre conscience ?
Ce qui entraîne la désobéissance civile c'est le fossé qui sépare les lois de la justice. « Il faut obéir à la loi ». Ce n'est pas inné. C'est un précepte implacable. Voilà ce qu'on nous apprend très jeune « La Loi c'est la Loi » ou « Personne n'est au dessus de la Loi », « La loi qui a démarqué le bien du mal ».
Ce qui est inné, c'est notre amour pour la justice, celle que nous dicte notre conscience au plus profond de nous même. Doit-on passer outre à notre conscience ? Peut-on parler de la primauté de la conscience sur la Loi ?
Ce sont des questions que posait cet américain, qui pourrait être l'inventeur de la désobéissance civile, Henry David Thoreau emprisonné en 1849. Il avait refusé de payer ses impôts à l'état du Massachusetts parce cet état commerçait avec les états du sud qui pratiquaient l'esclavage. Cela ne date donc pas d'hier. Il plaidait ceci : « Un citoyen doit-il un seul instant, pour quelque mesure que ce soit, abandonner sa conscience au législateur ».
Les grands défenseurs de la non violence, parmi eux, Martin Luther King et Gandhi, fondaient leur désobéissance civile sur « la primauté de la conscience sur la Loi ».
Quand j'étais conseiller syndical à la négociation de convention collective, comme la plupart d'entre nous, il arrivait parfois que les travailleurs que je représentais déclenchaient spontanément la grève avant l'avènement des délais prescrits par la Loi, se plaçant ainsi en situation d'illégalité face aux représentants patronaux.
Dans un tel cas, l'avocat de l'employeur s'empressait d'obtenir d'un juge, et ce, sans difficulté aucune, l'émission d'une injonction ordonnant le retour au travail, sous peine d'outrage à la Cour, d'amendes, etc... et obligeant le conseiller que j'étais à recommander au groupe de travailleurs concernés de respecter la Loi et de retourner au travail.
Je dois dire que dans ces cas, ma conscience en prenait pour son rhume alors que l'employeur avait impunément très souvent utilisé, au cours de la négociation, bien des moyens illégaux pour provoquer ou menacer ses employés.
Avant de condamner tout individu ou tout groupe qui pratique la désobéissance civile devant une loi qu'il considère inique, il y a lieu de bien réfléchir au fossé qui sépare les Lois de la Justice, évaluer les enjeux en cause et réfléchir au fondement démocratique d'un tel geste.
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Janvier 2014
L'HISTOIRE D'ARMANDE
C'était un matin où j'étais très occupée. Il est 8 heures, un homme âgé probablement dans les 80's, m'arrive pour faire enlever les points de sutures de son pouce. Il me dit qu'il était pressé parce qu'il avait un rendez-vous à 9 heures. Je l'invite à s'asseoir, sachant bien que cela prendrait plus d'une heure.
Il regardait souvent sa montre, l'air inquiet. Comme je n'étais pas occupée avec un autre patient, j'ai décidé d'évaluer sa blessure. J'ai constaté que cela cicatrisait bien. J'en ai donc parlé avec un des médecins et il m'a autorisé à faire le nécessaire pour enlever ses points et soulager sa blessure.
Pendant que je m'en occupais, je lui ai demandé si son rendez-vous de 9 heures était avec un autre médecin. Il m'a dit : « Je dois aller dans une maison de santé pour déjeuner avec ma femme comme à tous les matins ». Je me suis informé de la santé de sa femme et il m'a dit qu'elle était là depuis quelques temps parce qu'elle souffrait de l'Alzheimer.
Je lui ai demandé si elle serait contrariée s'il arrivait en retard. Il m'a répondu qu'elle ne savait plus qui elle était et qu'elle ne le reconnaissait plus depuis 5 ans. Surprise, je lui ai demandé : « Et vous allez encore déjeuner avec elle chaque matin même si elle ne sait pas qui vous êtes ? »
Il m'a pris la main dans la sienne, et en me la tapotant doucement avec un certain sourire, il m'a dit : « Elle ne me reconnaît pas, mais moi, je sais très bien QUI ELLE EST ! »
Quand il a quitté, je retenais mes larmes et je pensais que c'est cette sorte d'amour que je veux dans ma vie. Le vrai amour, ni physique, ni romantique : ce vrai amour qui est l'acceptation de tout ce qui est, ce qui a été et qui sera.
Les gens heureux n'ont pas toujours nécessairement le meilleur de tout, ils s'organisent du mieux qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont.
« LA VIE N'EST PAS D'ÉCHAPPER À LA TEMPÊTE, MAIS DE DANSER DANS LA PLUIE. »
Mise à jour: 2018/03/21